lundi 30 novembre 2009

La putschocratie en action

Magritte, La mémoire, 1948

Rappel de l'épisode précédent : Le président du Honduras, Manuel Zelaya, s'était fait putsché à l'aide de militaires animés par l'idée que le peuple avait mal voté. De mauvaises langues avaient pu faire le rapprochement entre cet événement et la politique de gauche de Zelaya, qui venait justement de bouder un accord économique avec les États-Unis. Obama avait déclaré que ce n'était pas très fair-play de la part des putschistes. Il n'avait cependant manifestement pas le pouvoir de protéger Zelaya pour lui permettre de regagner son palais présidentiel.

Face aux manifestations du peuple, l'armée intervint à plusieurs reprises. Seulement voilà : malgré quelques bains de sang, il restait des mécontents. Alors, ils eurent l'idée d'organiser des élections. Le peuple veut la démocratie ? Vite, apportons-lui ce qu'il demande ! Quelques isoloirs, deux candidats de droite et hop ! Le tour fut joué : des élections eurent lieu le 29 novembre. Obama les félicita de cette marque de bonne volonté.

Les quelques électeurs qui se déplacèrent, parfois gentiment escortés par des militaires, invités par leur patron voire ressuscités pour l'occasion, votèrent massivement pour le candidat de droite Porfirio Lobo. La toute première mesure de ce dernier fut d'inventer un taux de participation honorable à cette élection.

Malgré tout, il subsiste des voix contestataires que les militaires n'arrivent pas à calmer. La colère est grande chez le peuple hondurien. Certains pays, comme le Venezuela et le Brésil, condamnent également ces élections en les qualifiant d'illégitimes. Que dit le gouvernement français ? Euh.

Et nous, qu'est-ce qu'on peut faire ? L'idée, c'est de parler de la situation du Honduras le plus possible. Faire circuler l'info, c'est déjà agir. Et puis rester sur nos gardes : quand les États-Unis décident de légitimer un putsch, alors "tout devient possible" aussi chez nous. Vous me direz, nous avons trouvé la parade jusqu'à présent en évitant d'élire des gens de gauche. Bon d'accord. Alors disons : gardons le Honduras dans un coin de notre mémoire, car le jour où le peuple aura le pouvoir, il s'agira de ne pas se le faire voler.