mardi 7 juillet 2009

Au Honduras, on n'a pas de pétrole...

Courbet, L'homme blessé, 1844

... mais on avait des idées, avant ce qui vient de s'y produire. Ne me dites pas que vous n'êtes pas au courant, ça s'est vu partout dans la presse, comme le nez au milieu de la figure de Michaël Jackson. Ah non, tiens.

Pourquoi diable soupçonner nos formidables médias de faire l'impasse sur l'événement ?

Le Honduras, il faut bien le dire, on s'en fout : on n'a pas d'échanges commerciaux avec eux, ils sont trop pauvres, y'a même pas de pétrole. Si au moins leur président était présentable ! Las, on murmure qu'il était plus de gauche que prévu. Et puis c'est vrai qu'il s'y passe trois fois rien, au Honduras.

Qu'est-ce qui se passe ?

Des militaires sont entrés chez le président élu par le peuple, Manuel Zelaya, pour le mettre dehors. Hop ! Fini, la démocratie.

Comment le président du Honduras avait-il déclenché l'ire des réactionnaires ? On murmure que l'imprudent avait signé un traité commercial avec des pays de gauche comme le Venezuela, reléguant au second plan l'accord de libre-échange suggéré par les États-Unis PARDON JE VEUX DIRE EUH euh la version officielle c'est que ce président avait bien sûr tout d'un dictateur en herbe. La preuve : il voulait modifier la constitution pour avoir le droit de se représenter aux élections. Figurez-vous un pays où le président aurait le droit de se représenter aux élections, non mais franchement.

M'enfin, il suffit de demander à un pays très puissant militairement et défenseur des libertés fondamentales des peuples et de la démocratie de déblayer tout ça et de remettre le président en place, non ?

Lorsque Hugo Chavez demande à Washington de se prononcer clairement contre ce coup d'État sous peine d'être soupçonné de soutenir la dictature militaire qui vient de s'y installer, on tend l'oreille vers les États-Unis et... Vous entendez quelque chose, vous ?

Allez, en cherchant bien, vous lirez quand même que la communauté internationale rejette unanimement ce coup d'État. On ne rigole pas avec la démocratie, attention : on rejette ! On n'est pas du tout contents !

C'est dit. Ouf. (Alors, au fait, toujours mort, Michaël Jackson ?)

Zelaya est tellement internationalement soutenu qu'il n'arrive pas à retourner dans son pays, les militaires ayant bloqué l'accès à l'aéroport où il avait tenté d'atterrir après son passage à Washington.

Est-ce que ça pourrait se passer chez nous ?

Imaginez, dans un monde enchanté, notre président se réveillant un matin et annonçant que nous allons sortir du traité de Lisbonne pour fonder une Europe démocratique et renoncer au marché transatlantique parce qu'il menace notre environnement, nos services publics, notre santé et notre qualité de vie en général. A la place, on créerait une forme d'échange commercial profitant au peuple et non à quelques dirigeants de grands groupes déjà ultra-riches, un truc un peu alternatif avec même du troc dedans en fonction des ressources de chaque pays.

Comment ça, vous n'imaginez pas ? Bon d'accord, je rectifie.

Imaginez qu'en 2012 vous ayez élu un président qui annoncerait tout ça.

Sitôt dit, le président se ferait sauvagement ligoter par des militaires et expédié dans un autre pays. Au nom de la démocratie, il demanderait le soutien ferme des États-Unis ; le président américain lui répondrait "Oui ! C'est très mal, ce qu'ils t'ont fait." et s'en irait vaquer.
Alors vous, bon. Vous participeriez à une manif pour qu'on vous rende celui que vous avez élu.
Pas de chance : les militaires vous tirent dessus. Vous êtes mort ou terrorisé.

Voilà ce qui se passe au Honduras. Trois fois rien, on vous dit.


11 commentaires:

  1. Amusant ! Mon dernier billet est pour dire que Jackson me gonfle.

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  2. Ah oui tiens, je viens de voir ça ! Du coup hop, je rajoute un lien :)

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  3. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  4. Très bien d'en parler! Et je crois qu'Obama n'est qu'un mou médiatique qui fera la politique que ses lobbies lui diront de faire!

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  5. La démocratie ?
    Tu es trop drôle !
    :-))

    [Enfin, mettons nos fiches à jour, le Honduras est à nouveau un pays aligné… :-| ].

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  6. A quand un message de BHL "toux z'oeil oungue pie paul of Honduras"?

    Ca ne changerait pas grand-chose au drame qui se déroule là-bas, mais au moins, on rigolerait un peu...

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  7. Ha ben voilààààà !
    Ca faisait longtemps que manquait un peu de cette faconde gromellante !
    Bon, ben reviens-y, ça fait toujours du bien.

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  8. De toute façon, le Honduras n'a pas de pétrole, non ? Donc on s'en fout...

    Je sors...

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  9. Mais oui, un billet ici, où avais-je la tête! Mal parti en effet, ce pauvre Honduras, sans pétrole, sans beaucoup plus de soutien qu'un Chavez qui sent un peu trop le populisme… (Au fond, avez-vous une opinion sur Chavez, Marie-Georges? Moi non.)

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  10. Vangauguin,
    Aller sauver Zelaya, c'est tentant mais je ne sais pas si je fais le poids face aux militaires ; tu crois ?
    Hermès,
    Bien d'accord avec toi sur Obama. J'attends quand même qu'il me surprenne en bien dans cette histoire-là, c'est mon côté naïf.
    Monsieur Poireau,
    C'est vrai que par les temps qui courent ça prête à rire !
    Etiam Rides,
    Ahahah j'aimerais beaucoup ! Mais sa position semble être celle de tous : motus. En revanche, il cause drôlement bien de Michaël Jackson :D
    Mamzelle Ciguë,
    Ne t'en vas pas, tu as bien résumé la situation :))
    Le Coucou,
    Oui, il m'arrive encore de faire des billets, et je suis très contente que vous ne m'ayez pas oubliée depuis tout ce temps ! :)
    Concernant Chavez, ses réalisations (nationalisation du pétrole, ALBA) me le rendent sympathique. Je ne sais pas trop ce que signifie "populiste", s'agit-il de "démagogue envers les petites gens" ? Si oui, à mon sens, c'est la communauté internationale, en se contentant de beaux discours creux type "nous sommes choqués par ce coup d'Etat", qui est populiste. Chavez a le courage de demander à Obama une position claire et ferme concernant la mise en place de cette dictature militaire.
    Par ailleurs, je suis outrée par l'attitude de nos médias faisant passer Chavez pour une graine de dictateur (qui dit socialiste dit danger totalitaire, bin voyons) lorsqu'il modifia la constitution sur ces points :
    - Le mandat du président passe de 5 ans à 6 ans ;
    - Le président peut être réélu immédiatement à la fin de son mandat une seule fois. La constitution antérieure permettait la réélection du président, mais seulement après une période d'au moins 10 ans.
    A-t-on fait autant de gorges chaudes de cette réforme constitutionnelle :
    - Mise en vigueur du « Référendum révocatoire » qui permet au peuple de destituer n'importe quel gouvernant, fonctionnaire ou administrateur public, y compris le président ;
    Quel affreux petit chef, ce Chavez !
    Chavez a été également critiqué pour sa disposition concernant la restriction de la liberté de la presse en cas d'État d'urgence, une disposition absolument similaire à celle en vigueur chez nous...
    Alors dictateur, oui, autant que nos présidents français :)
    J'en termine avec Chavez : quand je vois que là-bas c'est le patronat qui manifeste pour "atteinte au droit de propriété privée", je me dis qu'il semble prendre des mesures concrètes pour son peuple, cet homme-là !

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