mercredi 4 mars 2009

Le sexe du texte

Delacroix, jeune orpheline au cimetière, 1824

Comment en parler sans passer pour une féministe mal assumée, moi que les inégalités hommes-femmes font bondir voire réagir de manière épidermique... Je me demande. Je sens poindre les malentendus mais tant pis. Ce billet vise simplement à expliciter le fond de ma pensée sur le numéro d'un hebdomadaire écrit à cent pour cent par des femmes.

Un numéro de l'hebdomadaire Vendredi sera consacré aux femmes, à l'approche de cette bancale-mais-utile-mais-ridicule-mais-nécessaire "journée de la femme".

Je me réjouis que l'on parle de la condition féminine. Je suis heureuse que l'on en fasse une thématique mobilisant un numéro entier et que l'on fasse la part belle aux blogueuses.
Je découvre que l'on écarte les billets de blogueurs masculins pour l'occasion. Oh, je sais bien, il s'agit de mettre à l'honneur les blogs féminins. A croire que la seule manière de les rendre visibles, c'est d'exclure les blogs masculins. Je ne suis plus d'accord.

Un numéro 100% hommes, qu'en penserions-nous, demande le très réac Didier Goux. Malgré ses lamentations hilarantes sur le sort malheureux des phallocrates traînés dans la boue depuis 40 ans, je dois admettre qu'il pose une vraie question. En faisant cela, et en disant "ce n'est pas comparable" (car certes, contrairement à ces messieurs, nous avons toujours dû avoir recours à des actions tapageuses pour nous faire entendre), nous entérinons l'idée que nous ne sommes pas égales. Voilà ce qui me gêne. Nous, quand nous excluons, c'est gentillet. C'est pour rire, c'est pour la bonne cause, on ne vous fera aucun mal...

Je suis féministe et je ne cesse de le clamer sur les toits. Je ne milite pas pour le droit de refaire les conneries des mâles réactionnaires d'antan, ni pour qu'on me parque avec mes copines en me disant "là, vous avez le droit de jouer rien qu'entre vous, on vous laisse faire". Je veux vivre avec tout le monde, je veux que mes billets soient lus au milieu de billets de femmes et d'hommes, je veux que le débat n'exclue personne.

Quelle idée aussi d'écarter, à l'occasion de la journée de la femme, des blogueurs qui n'ont de cesse de soutenir notre cause (même dans cette entreprise un peu limite) ? Nous avions l'occasion d'imaginer un numéro avec une parité parfaitement respectée, pourquoi pas ? Je ne suis pas une grande fanatique de la parité mais... Nous avons opté pour l'exclusivité de prise de parole par les femmes pour la journée de la femme, journée qui concerne tout le monde. Je trouve cela dommage. C'est donc mi-contente (de lire des blogueuses que j'aime et d'être publiée), mi-déçue (de voir mon billet réduit à ce drôle d'AOC : " écrit par une meuf"), que j'irai acheter ce numéro de Vendredi.

9 commentaires:

  1. En fait, à un moment, avec toutes ces histoires, on finit noyer dans un océan de paradoxes, je les aime bien mais à la longue on va tous devenir schizos !

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  2. "billet réduit à ce drôle d'AOC : " écrit par une meuf""

    Oui ! Y'a un peu de ça... C'est même extrêmement réducteur, puisque ça veut dire "c'est écrit par une meuf, donc ça n'est pas très important" !

    Dans mon billet de ce matin, j'ai même dit que c'était contre productif.

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  3. Zut, tu m'as volé mon idée de billet.

    D'un autre côté, comme tu es une femme, je peux le faire quand même, vu que personne ne va te prendre en compte...

    Smiley, smiley !!!

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  4. Un homme/une femme...C'est fatigant aussi pour un homme d'être réduit à être de l'autre côté, mécaniquement: né "homme" comme on aurait pu être né "juif", etc.
    Sortir de la détermination: des hommes ne sont pas machos tout en étant des hommes!

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  5. les premiers N° de Vendredi comptaient moins de 5% de billets de femmes. personne n'a crié au scandale (si moi un peu)

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  6. Je vous comprends, Marie-Georges, mais je comprends aussi le désir de Vendredi de saisir l'opportunité de la "journée de la femme" pour sortir un numéro spécial. Un journal, surtout aussi jeune, a besoin de ce type d'opération pour élargir son audience.

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  7. Les statistiques ne veulent rien dire. 5%, c'est de la stigmatisation débile. Mettons-nous à faire des statistiques ethniques aussi, et traitons Vendredi de raciste parce qu'ils ne publient pas de Noirs.

    Ce qui me gêne profondément dans ce numéro, c'est que Jacques Rosselin a donné aux blogueuses l'occasion de s'exprimer. Je n'achète pas Vendredi pour entendre des personnes s'exprimer, mais pour lire une synthèse de l'actualité.

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  8. Merci à tous d'avoir donné votre point de vue. Les mystères du net, la réponse que j'avais rédigée s'est effacée et n'a jamais été publiée... En tout cas je n'ai pas fini de m'énerver sur le sujet : on vient de me demander si je pouvais écrire "un truc léger" au sujet de la journée de la femme. Bin voyons !

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  9. entièrement d'accord avec toi, et avec Olympe. J'ai quant à moi regretté que les femmes mises en avant le soient surtout par rapport à leur écriture "féminine", ou aux thèmes dits "féminins"... si nous parlions et écrivions sur autre chose que sur nos gosses, nos mecs, l'amour ?

    Oui, Olympe a raison, si l'on ne dénonce pas les injustices, partout où on les voit, elles se perpétueront indéfiniment. Merci à elle pour son action.

    Prenons garde à ne pas trop nous taper dessus. Que nos critiques demeurent constructives (il est facile de nous dresser les unes contre les autres). En nous défendant, c'est l'humain que nous voulons faire évoluer.

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