lundi 9 août 2010

Qui suis-je ?

Alechinsky, sans titre, 1990

C'est la rentrée pour Carla où j'pense, qui ne fait jamais rien aux bonnes dates. Comme les vacances sont encore bel et bien là, voici une devinette à résoudre en tongs, chez soi ou sur la plage. Inspirée par un blogueur joueur, la rubrique devinette tentera de vous faire trouver un pays. C'est parti.

- Je suis une entité souveraine depuis le 18è siècle ;
- Je fus tour à tour convoité par l'Angleterre, l'URSS et les États-Unis ;
- Mon régime actuel est une République de type présidentiel avec un parlement bicaméral ;
- Mon emplacement géographique sur des routes commerciales et mes ressources naturelles abondantes font de moi un enjeu stratégique majeur. D'importantes compagnies pétrolières étrangères sont aujourd'hui installées sur mes terres (BP, Total et Texaco par exemple) ;
- Je suis actuellement occupé par ceux qui avaient aidé les résistants locaux à se défaire de l'occupation précédente (notamment en leur vendant des armes).

Trop facile ! Pour celles et ceux qui seraient perdus, des indices supplémentaires :

- Entre l'actuelle occupation et la précédente, une dictature fondamentaliste fut instaurée par un groupe d'autochtones appelé "les étudiants". Profitant de l'indignation de l'opinion publique devant ce régime ultra-réactionnaire qui offrait l'asile à des terroristes, des armées occidentales vinrent occuper mon territoire dans le but affiché d'en délivrer le peuple. Le régime réactionnaire fut renversé en 2001. Depuis, les soldats des camps libérateurs tuent régulièrement mes habitant-e-s.

Quel suspens à présent !

mercredi 16 décembre 2009

Renvoyons-nous dans notre pays

Une initiative intéressante : un Français renvoie sa carte d'identité par courrier. Se retrouvant sans papiers, il dit espérer être bientôt renvoyé dans son pays. Oui, vous savez, ce pays des droits de l'homme dont on parlait dans le temps...

lundi 30 novembre 2009

La putschocratie en action

Magritte, La mémoire, 1948

Rappel de l'épisode précédent : Le président du Honduras, Manuel Zelaya, s'était fait putsché à l'aide de militaires animés par l'idée que le peuple avait mal voté. De mauvaises langues avaient pu faire le rapprochement entre cet événement et la politique de gauche de Zelaya, qui venait justement de bouder un accord économique avec les États-Unis. Obama avait déclaré que ce n'était pas très fair-play de la part des putschistes. Il n'avait cependant manifestement pas le pouvoir de protéger Zelaya pour lui permettre de regagner son palais présidentiel.

Face aux manifestations du peuple, l'armée intervint à plusieurs reprises. Seulement voilà : malgré quelques bains de sang, il restait des mécontents. Alors, ils eurent l'idée d'organiser des élections. Le peuple veut la démocratie ? Vite, apportons-lui ce qu'il demande ! Quelques isoloirs, deux candidats de droite et hop ! Le tour fut joué : des élections eurent lieu le 29 novembre. Obama les félicita de cette marque de bonne volonté.

Les quelques électeurs qui se déplacèrent, parfois gentiment escortés par des militaires, invités par leur patron voire ressuscités pour l'occasion, votèrent massivement pour le candidat de droite Porfirio Lobo. La toute première mesure de ce dernier fut d'inventer un taux de participation honorable à cette élection.

Malgré tout, il subsiste des voix contestataires que les militaires n'arrivent pas à calmer. La colère est grande chez le peuple hondurien. Certains pays, comme le Venezuela et le Brésil, condamnent également ces élections en les qualifiant d'illégitimes. Que dit le gouvernement français ? Euh.

Et nous, qu'est-ce qu'on peut faire ? L'idée, c'est de parler de la situation du Honduras le plus possible. Faire circuler l'info, c'est déjà agir. Et puis rester sur nos gardes : quand les États-Unis décident de légitimer un putsch, alors "tout devient possible" aussi chez nous. Vous me direz, nous avons trouvé la parade jusqu'à présent en évitant d'élire des gens de gauche. Bon d'accord. Alors disons : gardons le Honduras dans un coin de notre mémoire, car le jour où le peuple aura le pouvoir, il s'agira de ne pas se le faire voler.





samedi 18 juillet 2009

Le tout dernier slogan d'EDF : "Vous nous devez plus pour la lumière."

Prométhée enchaîné, v. 550 av. JC

Vous l'avez sans doute constaté en payant vos factures EDF : l'électricité en France n'est pas assez chère. Mais si : nous payons moins que partout ailleurs en Europe (si l'on excepte la Finlande). La honte...

Heureusement, le gouvernement nous concocte une hausse des tarifs afin que nous gardions la tête haute. Cela dit, nous, consommateurs mesquins, pourrions bien être capables de trouver cela déplacé. En effet, quand on est un minimum au jus de la règlementation en vigueur jusqu'en 2010, on sait que les tarifs EDF sont fixés par un contrat de service public avec l'Etat, qui stipule qu'une augmentation éventuelle ne peut excéder l'inflation. Avec la crise, une augmentation significative pourrait de surcroît se révéler particulièrement impopulaire. Alors, comment nous faire raquer avec le sourire ?

Méthode préconisée :

1- A l'aide des journaux à la botte du gouvernement, donner une tribune médiatique au PDG d'EDF, monsieur Gadonneix. Ce dernier, comme à son habitude, pourra y épancher son mal-être d'entrepreneur en proie à des difficultés financières. Sitôt fait, sitôt dit : Gadonneix claironne partout qu'il faut opérer une augmentation du prix de l'électricité de 20% dans les trois prochaines années.

Normal : Gadonneix est un expert en augmentation. Celle qu'il a exercée sur son propre salaire l'atteste : 127% en quatre ans pour arriver à un salaire brut annuel de 1 221 000 euros en 2008, c'est une sacrée preuve. Si cela ne vous convainc pas, je ne sais pas ce qu'il vous faut.

2- Dans les mêmes canards d'Etat, se scandaliser avant que le peuple ait le temps de réagir. Nos élus s'offusquent du chiffre avancé par Gadonneix. "Oh ! 20% ! Comme vous y allez ! Il n'en est pas question ! Les temps sont durs pour nos concitoyens, etc."

3- Mettre en avant les difficultés d'EDF. Quand même, si on vous le demande, c'est que ça se justifie. Sinon, vous pensez bien que jamais on ne taperait dans votre porte-monnaie. Déclarer qu'une hausse sera donc à l'étude, mais peut-être pas aussi forte que celle demandée par le PDG. (Ah, ouf ! 19% en trois ans au lieu de 20 ?)

A ce stade, vous vous dites peut-être que vous auriez dû éteindre plus souvent vos radiateurs cet hiver, même s'il faisait moins 10. Erreur : la consommation des ménages n'a pas flambé d'un coup et quand bien même, c'eut été au bénéfice d'EDF. Nous n'avons rien à nous reprocher. Alors d'où viennent ces difficultés que nous aurons à payer de notre poche ?

C'est très simple : ces dernières années, EDF a beaucoup investi en rachetant des boîtes à l'étranger. Et maintenant, les caisses sont vides. Oh, bien sûr, cela est temporaire puisqu'il s'agit d'investissements. Mais justement, n'est-ce pas le moment idéal pour faire pleurer dans les chaumières sombres et réclamer une hausse des tarifs ?

Oui, vous avez bien lu : vous payerez dorénavant l'électricité, non comme un service, mais comme une contribution aux dettes contractées par EDF dans sa boulimie expansionniste. Les joies de la privatisation. Christine Lagarde trouve ça bien.

4- En cas de protestations, agiter un argument-épouvante. On pourra toujours vous rétorquer que la rénovation des centrales a un coût. Vous ne voudriez pas d'un accident nucléaire dû à votre avarice déplacée, quand même ? Bon.

Epilogue : EDF, en déficit provisoire dû à ses récents investissements à l'étranger, va gagner gros dans les années à venir, y compris grâce aux rénovations des centrales existantes, comme le souligne le Canard enchaîné*. Chic alors ! Gadonneix en profitera-il :

a) pour nous faire bénéficier de cette manne en baissant le prix de l'électricité ?
b) pour racheter d'autres boîtes à l'étranger et augmenter encore son salaire ?
Les paris sont ouverts.




*Canard enchaîné du 15 juillet, dans l'article Le raid du patron d'EDF sur la rente nucléaire : "Ainsi, il est en passe de bénéficier d'un joli pactole : la prolongation de trente à soixante ans de la durée de vie de ses centrales, moyennant une simple mise à niveau de celles existantes (400 millions par réacteur). Selon une étude de Natixis, l'économie, pour EDF, serait de 1,2 milliard par centrale. Et il y en a 19 ! Pas mal pour un miséreux..."
J'ajoute que Bruxelles est en passe d'exiger d'EDF qu'il cesse d'appliquer des tarifs préférentiels pour les grandes entreprises françaises, qui devront désormais payer leur électricité plus cher. Encore un peu de beurre dans les épinards de Gadonneix...

mardi 7 juillet 2009

Au Honduras, on n'a pas de pétrole...

Courbet, L'homme blessé, 1844

... mais on avait des idées, avant ce qui vient de s'y produire. Ne me dites pas que vous n'êtes pas au courant, ça s'est vu partout dans la presse, comme le nez au milieu de la figure de Michaël Jackson. Ah non, tiens.

Pourquoi diable soupçonner nos formidables médias de faire l'impasse sur l'événement ?

Le Honduras, il faut bien le dire, on s'en fout : on n'a pas d'échanges commerciaux avec eux, ils sont trop pauvres, y'a même pas de pétrole. Si au moins leur président était présentable ! Las, on murmure qu'il était plus de gauche que prévu. Et puis c'est vrai qu'il s'y passe trois fois rien, au Honduras.

Qu'est-ce qui se passe ?

Des militaires sont entrés chez le président élu par le peuple, Manuel Zelaya, pour le mettre dehors. Hop ! Fini, la démocratie.

Comment le président du Honduras avait-il déclenché l'ire des réactionnaires ? On murmure que l'imprudent avait signé un traité commercial avec des pays de gauche comme le Venezuela, reléguant au second plan l'accord de libre-échange suggéré par les États-Unis PARDON JE VEUX DIRE EUH euh la version officielle c'est que ce président avait bien sûr tout d'un dictateur en herbe. La preuve : il voulait modifier la constitution pour avoir le droit de se représenter aux élections. Figurez-vous un pays où le président aurait le droit de se représenter aux élections, non mais franchement.

M'enfin, il suffit de demander à un pays très puissant militairement et défenseur des libertés fondamentales des peuples et de la démocratie de déblayer tout ça et de remettre le président en place, non ?

Lorsque Hugo Chavez demande à Washington de se prononcer clairement contre ce coup d'État sous peine d'être soupçonné de soutenir la dictature militaire qui vient de s'y installer, on tend l'oreille vers les États-Unis et... Vous entendez quelque chose, vous ?

Allez, en cherchant bien, vous lirez quand même que la communauté internationale rejette unanimement ce coup d'État. On ne rigole pas avec la démocratie, attention : on rejette ! On n'est pas du tout contents !

C'est dit. Ouf. (Alors, au fait, toujours mort, Michaël Jackson ?)

Zelaya est tellement internationalement soutenu qu'il n'arrive pas à retourner dans son pays, les militaires ayant bloqué l'accès à l'aéroport où il avait tenté d'atterrir après son passage à Washington.

Est-ce que ça pourrait se passer chez nous ?

Imaginez, dans un monde enchanté, notre président se réveillant un matin et annonçant que nous allons sortir du traité de Lisbonne pour fonder une Europe démocratique et renoncer au marché transatlantique parce qu'il menace notre environnement, nos services publics, notre santé et notre qualité de vie en général. A la place, on créerait une forme d'échange commercial profitant au peuple et non à quelques dirigeants de grands groupes déjà ultra-riches, un truc un peu alternatif avec même du troc dedans en fonction des ressources de chaque pays.

Comment ça, vous n'imaginez pas ? Bon d'accord, je rectifie.

Imaginez qu'en 2012 vous ayez élu un président qui annoncerait tout ça.

Sitôt dit, le président se ferait sauvagement ligoter par des militaires et expédié dans un autre pays. Au nom de la démocratie, il demanderait le soutien ferme des États-Unis ; le président américain lui répondrait "Oui ! C'est très mal, ce qu'ils t'ont fait." et s'en irait vaquer.
Alors vous, bon. Vous participeriez à une manif pour qu'on vous rende celui que vous avez élu.
Pas de chance : les militaires vous tirent dessus. Vous êtes mort ou terrorisé.

Voilà ce qui se passe au Honduras. Trois fois rien, on vous dit.


samedi 13 juin 2009

Manif !

J. Howard Miller, Ask your supervisor

Aujourd'hui il fait beau alors... Rien de tel qu'une bonne manif pour profiter du soleil tout en expliquant gentiment au gouvernement qu'on aimerait bien voir les questions sociales à nouveau placées au centre de la politique.

Pour nous, les parisiens, ça se passe à 14 heures place de la Bastille, direction Montparnasse ensuite. Ailleurs, vous pouvez consulter le tableau des RV du site de la FSU.

Je marcherai ne serait-ce que pour signaler ceci : j'aimerais que nos élus, donc nos représentants, n'oublient pas les questions de l'emploi, de la revalorisation du SMIC, des services publics, de la redistribution des richesses, autant de sujets qu'on croirait miraculeusement balayés sous le gros tapis fourre-tout de la crise.
Raison supplémentaire pour battre le pavé aujourd'hui : il s'agit d'un rassemblement unitaire, à l'appel des syndicats CFDT, CFE-CGC, CFTC, CGT, FO, FSU, Solidaires, UNSA.

jeudi 26 mars 2009

Du processus de Bologne à la LRU

L'université, de l'héritage des Lumières à son devenir de succursale du capitalisme... Le leurre de l'harmonisation européenne qui dissimule mal un pur alignement à la théorie néolibérale... Voilà qui fait froid dans le dos.

Pour en savoir plus sur :
- Les relations entre le processus de Bologne, l'ERT, l'OCDE, l'OMC et la commission européenne ;
- les véritables enjeux de l'adaptation de l'université à la loi du marché ;
- le rôle de l'union européenne dans la libéralisation des services ;

je vous conseille cette vidéo, publiée sur le blog sauvons l'école. Vous y verrez une enseignante chercheure, Geneviève Azam, qui explique tout cela très bien. Édifiant.