jeudi 26 février 2009

Hier soir à la république des blogs

David, le serment du jeu de paume, 1791

Quel est le point commun entre un verre de rouge chilien et un côte du Rhône ? Les deux se se sont sauvagement jetés sur moi hier soir, l'un au tout début, l'autre à la fin de la soirée. Un bien beau baptême pour ma première république des blogs. Ca tombait bien : je me suis toujours considérée plus rouge que la plupart des leftblogueurs.

Quand je suis arrivée, Benoît Hamon répondait à des blogueurs au sujet de l'Europe devant caméras et terrasse comble. Il y avait foule pour participer à cette République des blogs sur le thème des élections au parlement européen. Un certain lâcheur manquait tout de même, ce que j'ai vivement regretté.

Je suis allée saluer Mathieu L. afin qu'il me note présente sur son registre d'appel, car c'est à lui que j'avais signalé ma venue. Il m'a présentée à un célèbre blogueur juriste et j'ai même pu voir la tête de ses commentateurs libéraux, la chance.

Moi j'avais une idée bien précise en tête : rencontrer Olympe, loupée lors de la fameuse soirée Elle du classement des blogs féminins, et CC que j'avais vue parmi la liste de blogueurs présents à cette république. Ce fut fait et je suis donc ravie de ma soirée, d'autant plus que j'ai rencontré d'autres sympathiques blogueuses et blogueurs comme Polluxe, le pingouin et Jon, qui m'a fait penser à acheter Chomsky, depuis le temps que je veux le lire. Nous avons causé de Ségolène avec Vogelsong ; Mathieu et moi avons essayé de comprendre quelque chose au pearltree de Stetoscope et nous nous sommes jurés d'aller voir de plus près ce nouvel utilitaire "pas utile, mais bien" d'après Vogelsong. Il me reste à comprendre aujourd'hui pourquoi ce dernier m'a assuré qu'il fallait touitter. Je viens de m'y plonger et... pour peu que vous ayez ouvert un onglet Facebook et un autre sur votre messagerie instantanée, il y a de quoi souffrir de surcharge cognitive. Pour le dire autrement : quelle foire ce Twitter...

La répu des blogs, qui m'a donné l'occasion hier de participer à des discussions intéressantes, passionnées et néanmoins détendues, m'a convaincue d'y retourner dès la prochaine édition. C'est presque aussi bien qu'un Kremlin des blogs, c'est dire.


Je cherche encore les quelques liens manquants à ce billet, si vous pouvez m'aider... Certains pseudos sont très disputés sur le net !

dimanche 22 février 2009

Vous avez dit réforme ?


Man Ray, Noire et blanche, 1936

J'écoute une radio un peu naze mais qui a le mérite de passer les chanteurs que j'aime, morts pour la plupart. Si on se bouche les oreilles aux gloussements des animateurs et pendant les "informations", cette station peut être agréable à écouter.
Las, je ne peux contourner le flash "info" du matin. Eux ne peuvent éviter de parler des grèves, mais on sent bien que ça leur fait un peu mal. Pour se soulager un matin, ils diffusèrent une rubrique "astuces" afin d'éviter les vilains manifestants "oui parce que y'en a marre" (sur le ton de "je me suis encore cassé un ongle"). Passons.
Je pense que le présentateur (un journaliste ? je n'ose le croire) possède une seule et même phrase pour présenter chaque mouvement social, qu'il copie-colle au besoin. Etudiants, chercheurs, enseignants, ouvriers, personnel hospitalier, sachez que vous vous battez tous "contre la réforme". Point. Vous voilà bien "informés"...
On en éteindrait son poste en rugissant "mais enfin ils acceptent jamais rien, ils veulent que rien ne bouge ou quoi !" si l'on était doté du quotient intellectuel de miss astuces. Heureusement, je suis équipée d'un petit Robert et je connais mon alphabet. Alors c'est parti :

"Réforme : Amélioration portée dans le domaine moral ou social."

Je pose la question : le projet du gouvernement, pour l'école par exemple, est-il une réforme ?

Voici ce qu'en pense l'enseignant chercheur Philippe Meirieu (extrait de son site) :

"On connaît les principales mesures venues, depuis plus d’un an, mettre à mal l’institution scolaire française : nouveaux programmes de l’école primaire qui, au prétexte de renforcer les « apprentissages fondamentaux », font de l’élève une « machine à exercices » et privent les enfants défavorisés de l’accès à la signification des tâches et de la culture scolaires… disparition programmée des RASED qui pouvaient apporter aux élèves en grande difficulté des aides adaptées… suppression des cours le samedi matin au détriment des équilibres de vie des enfants… mise en place d’évaluations systématiques, sans justification pédagogique, simplement pour fournir des indicateurs à des parents réduits au statut de « clients »… disparition progressive de la carte scolaire avec la promesse aux familles qu’elles pourront choisir l’école de leurs enfants alors qu’en réalité, ce sont les écoles qui choisiront leurs élèves, creusant ainsi les inégalités… suppression des aides aux initiatives artistiques et culturelles alors qu’il faudrait, au contraire, les renforcer pour compenser le crétinisme de la télévision et lutter contre la sidération par les jeux vidéos… disparition de toute véritable formation professionnelle en alternance pour des enseignants condamnés désormais à osciller entre la répression et la dépression… abandon de toute ambition pour les collèges laissés en jachère alors que beaucoup d’entre eux sont au bord de l’explosion… traitement méprisant des mouvements d’Éducation populaire et pédagogiques dont certains sont gravement menacés dans leur rôle d’appui à l’institution scolaire…

Ces mesures nous sont présentées comme des « réformes », mais je me refuse, pour ma part, à les nommer ainsi. D’une part, parce que cela sous-entendrait qu’il s’agit de « transformations nécessaires » et que ceux qui s’y opposent sont des conservateurs. D’autre part, parce que l’idéologie dominante et la rhétorique gouvernementale présentent toujours ces « réformes » comme inévitables : « Il n’y a pas d’autre solution si nous voulons… que nos enfants sachent lire… qu’on ne gaspille pas nos impôts… que nous tenions notre place dans le monde… etc. ». Or, en réalité, il y a toujours d’autres solutions. Et le rôle des politiques, c’est justement de présenter des scénarios en indiquant les chances et les risques qu’ils comportent, de les référer aux finalités envisagées et aux moyens mobilisables. A minima, il incombe aux décideurs d’associer tous les partenaires à l’exploration de ces scénarios et de mettre à contribution les chercheurs pour éclairer les choix… Or, que voyons-nous ? Des décisions unilatérales, précipitées, sans véritable anticipation de leurs conséquences, sans aucune mobilisation de l’intelligence citoyenne."

Et hop*, je rebondis sur cette phrase pour inciter les facebookiens et facebookiennes à rejoindre le groupe de l'excellent monsieur Poireau : "pour rappeler aux élus qu'ils nous représentent et ne nous dirigent pas".


(* copyright Nicolas)

samedi 21 février 2009

De la paléontologie appliquée au féminisme

source image

Je compte publier un livre. Ça s'appellerait modestement "Femmes, on vous ment ! Des dégâts du féminisme sur la condition de vie des ménagères". En voici l'introduction :

"De tous temps, l'homme a cherché son futur dans ses origines. Car l'histoire est ainsi faite : le début c'était avant et le futur c'est pas tout de suite, mais la perte de sens est bien là et la fin du monde approche. Que faire ?

Tandis que les premiers hommes ne connurent pas la joie de se dire que tout fout le camp, nous, les modernes, détenons la possibilité de puiser dans leur mode de vie ancestral la voie royale de l'accord retrouvé avec nous-mêmes. C'est une chance.
Une responsabilité écrasante fut donc donnée aux hommes des cavernes : adopter une conduite exemplaire pour leurs descendants en quête de repères. Mais chacun sa merde. Nous on a tout perdu et maintenant les archéologues, ça coûte cher.

Aujourd'hui, si l'on dresse le bilan de l'activité humaine depuis le début, force est de constater qu'il est urgent de revenir à l'essentiel. Posez la question autour de vous : le monde est-il beau ? Êtes-vous heureux ? Vous verrez.

Avant, les hommes vivaient heureux. Et pour cause ! On apprenait aux gosses uniquement des trucs utiles, comme tailler une pierre. On ne connaissait pas la délinquance.
Les femmes briquaient la caverne pendant que les hommes couraient le mammouth. Depuis que Simone de Beauvoir et les suffragettes ont mis à mal cet ordre naturel sous prétexte de libération de la femme, des milliers de femmes font les deux en même temps pour nourrir leur mari, forcément au chômage du coup. C'est n'importe quoi. Et nous nous enfonçons chaque jour un peu plus !"

Ça vous plaît ?

Non, je ne suis pas en train de me laisser convaincre par les pro-antiféministes. J'essaie d'imiter leur prose puisqu'apparemment ils font recette.

En pianotant sur Facebook, j'ai découvert l'existence d'un livre dont je n'ai pas envie de faire la pub. J'ai passé pas mal de temps à commenter les belles phrases de l'auteure qui n'a jamais souhaité débattre avec moi vu que c'était pas du jeu car je citais ses communiqués de presse et que ça n'a rien à voir avec son livre. Bin voyons. C'est pourtant la même personne qui les écrit, mais soit. La dame tape allègrement sur le féminisme et par là expose aux yeux de tous sa méconnaissance flagrante du sujet. J'ai jugé utile de lui envoyer la définition du Petit Robert mais elle l'a mal pris. J'ai souhaité commenter son titre et quelques unes de ses phrases., que vous trouverez ci-dessous entre guillemets. Extrait de notre conversation :

moi - Votre sous titre m'empêche un peu de lire le reste : "pour en finir avec le féminisme", je trouve cela un brin facile et démago (envers les réacs qui s'empresseront d'applaudir).
Je réprouve les simplifications auxquelles vous n'échappez pas :
- "La grande majorité des femmes continuent de penser avec leur utérus, elles fantasment plus volontiers sur une couche-culotte pleine de merde que sur un gode-ceinture."
Vous opposez le goût pour un sex-toy avec le désir de maternité, comme si d'une part, cela était incompatible (je peux avoir envie des deux il me semble, ou d'aucun, aucune corrélation possible), et d'autre part comme si le féminisme avait à voir avec l'industrie du sexe qui, comme toute industrie, cherche à créer le besoin. (...) on ne peut accuser un mouvement social de ce genre de conséquences.

"les éprouvettes ont finalement libéré les corps bien plus efficacement que les suffragettes"
Aucun rapport. Juste une belle formule. Au niveau des droits des femmes, du droit de vote, hé oui, rien que ça, on peut remercier les féministes plutôt que les éprouvettes. Les deux ne s'opposant toujours pas d'ailleurs...
A toute fin utile, la définition du féminisme par le petit Robert :
"Attitude de ceux qui souhaitent que les droits des femmes soient les mêmes que ceux des hommes".
On parle de droits, c'est tout, pas de quoi avoir peur ni pour les hommes ni pour les femmes...

l'auteure - je vous parle de mon livre, et vous me répondez communiqué de presse - vous savez à quoi ça sert un communiqué de presse ou pas ?

Ensuite je lui dirai que je parle également du titre de son livre, elle qualifiera mes propos (ceux que vous venez de lire) de "cons et abjects". Je lui dirai que ce n'est pas sympa, elle me répondra qu'elle avait mis un smiley. Je vous fais grâce de ce beau moment.

Dites, c'est moi qui suis débile ou bien ?

Je trouve que taper sur le féminisme, c'est un peu comme accuser les 35 heures de tous les maux : une posture à la mode et qui ne mange pas de pain. Après, elle me certifie que ni son titre, ni ses déclarations en communiqué de presse ne correspondent au contenu de son livre. On l'aura compris, il faut l'acheter... Je veux bien le lire, mais j'ai du mal à tenir dans mes mains un ouvrage qui titre "pour en finir avec le féminisme". Je sais, c'est bête.

mercredi 4 février 2009

Diastole/systole

Je suis allée lire le site du ministère de la relance et finalement je trouve que tout va bien. Du coup je ferme.


Découvrez Odeurs!

Inattention citoyenne


"Désormais, quand il y a une grève, personne ne s'en aperçoit !" avait déclaré Sarkozy lors d'un conseil national de l'UMP. Las, le nombre de manifestants réunis le 29 janvier dernier ont eu raison de la crédibilité de notre bien aimé président.

Il semble difficile d'empêcher ce dernier de distiller quelque inepties lorsqu'envie le prend de donner son point de vue sur les conditions de travail de son peuple. Soyons solidaires : puisque nous ne pouvons éviter qu'il formule des déclarations douteuses, offrons-lui notre inattention la plus dévouée ! L'association Carla oùj'pense se joint donc à l'opération :

Désormais, lorsque Sarkozy parle, plus personne ne s'en aperçoit !

Nous serons présents lors du rassemblement de jeudi 5 février devant les mairies à 20h afin de lancer à notre président ce message fort : courage, nous ne ferons pas attention !

lundi 2 février 2009

Gloussez, mesdames

Gloussez, il en restera toujours quelque chose. Surtout si vous vous destinez à une carrière de première dame de France. Voici ce qui fut l'estocade finale portée à mes neurones ce matin même. Comme à mon habitude, c'est les paupières volant bas et les pieds à peine au contact du sol que j'allumai mon poste calé sur une radio publique généraliste.

Après le consternant discours de notre actuelle majorité sur le "démantèlement des 35 heures" (moi jdis ça... Je reprends juste le terme du président de l'UMP, hein, mais il paraît que c'est une boulette. Il voulait dire en fait : "la non remise en cause des 35 heures qui seront juste assouplies". On attend de savoir combien d'heures dures ils comptent fourrer dans une heure souple), je découvre médusée la guillerette dernière info du jour : "Voici un rire, écoutez bien et devinez de qui il provient".

Là j'ai paniqué : "Gasp, suis grave à la bourre moi, déjà le jeu des mille euros !". Mais non. C'était bonnement la touche ludique qui se voulait clore les nouvelles sur une note gaie. Tralala. Entre la page politique rétrograde et la météo, mesdames messieurs, la devinette du journal ! "Mouaaaaarf !" (=première diffusion du gloussement). Une réponse germa immédiatement dans mon cerveau, se jetant décidément sur le premier stimulus venu : "Mpffff bin c'est Carla Bruni tiens." (comme quoi je suis bon public).

"Avez-vous deviné ?" insiste la journaliste jubilant de son affaire. "Ecoutez bien : "mouaaaaarf !" Alors ? Hé oui c'est... Le rire de Carla Bruni, notre première dame de France, capturé hier matin à Rungis par Jean-Pierre Machinchose. Bonne journée et à demain ! "Mouaaaaarf !""

Eh bien moi je dis halte là. Outre le fait qu'on s'en cogne sévère, du pouffement à Carla, je trouve un poil gonflé qu'on nous présente cet enregistrement comme si on venait de déterrer un rouleau de la mer Morte.

Je sais, le fait n'est pas nouveau. Les infos se la jouent de plus en plus people et se parent ainsi d'une fausse provoc visant à nous faire oublier ce que pourrait être une liberté de ton réellement critique. Mais la présentatrice, manifestement émerveillée, articula l'expression "première dame de France" comme si elle mâchait précautionneusement l'huître ayant produit la perle auditive qu'elle voulut bien nous donner à entendre. Ecoutons-la penser. "Admirable, cette Carla, décidément. Voyez comme elle rit. Quelle fraîcheur, quelle sensualité dans le glougloutement ! Ce petit tressaillement guttural est absolument irrésistible. C'est Nicolas qui doit s'amuser..."

Car je crois que le fond de cette poilade en boîte est là. Tout est dans ce que vise à suggérer ladite capture du filet de voix s'abandonnant à un instant de joie. Etant dans l'impossibilité technique d'exhiber les gambettes de notre first lady et regrettant sans doute de ne pouvoir aller jusqu'à nous dégoter un orgasme en son numérisé, la radio a trouvé ce matin un moyen de fournir aux neurones qui se lèvent tôt un court-circuitage onanique leur permettant de se rendormir aussi sec, le sourire aux lèvres. Alors, heureux ?

Vous venez de lire un ancien billet paru sur mon autre blog.